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Le 31 mars, Emmanuel Macron s’adresse aux Français. Il commence son allocution par une autosatisfaction : je vous l’avais dit dès le début et j’avais raison : « nous allons vivre avec le virus. C’est bien cela. »

Comment pourrait-il en être autrement ? Emmanuel Macron a toujours raison. Il est visionnaire.

Le 31 mars, donc, le président dont le bilan de la gestion du covid approche les 100.000 morts a fait quelques prédictions. Il nous fallait archiver cela.

« si nous restons unis, solidaires, si nous savons, durant les prochaines semaines, nous organiser, alors nous verrons le bout du tunnel. Et nous nous retrouverons. » Le président va ensuite dérouler les nouvelles condition du confinement qui n’en est pas un (personne ne va se confiner) et il espère voir le bout du tunnel dans les prochaines semaines. L’avenir dira à quel point il s’est à nouveau planté dans ses « paris » et combien ils ont coûté en vies humaines.

L’auto-congratulation n’est jamais loin : « là où beaucoup de nos voisins ont décidé de confiner, il y a maintenant quatre mois, nos voisins Allemands par exemple, là où nous amis italiens en sont à leur quatrième confinement, nous avons, aussi par ces choix collectifs que nous avons fait, gagné des jours précieux de liberté, des semaines d’apprentissage pour nos enfants, nous avons permis à des centaines de milliers de travailleurs de garder la tête hors de l’eau sans jamais perdre le contrôle de l’épidémie. Nous avons donc je le crois bien fait. Croire en la responsabilité des Français, ce n’est jamais un pari. »

Patatras, même si l’on a bien fait, le méchant variant que tout le monde annonçait depuis des lustres a franchi la frontière illégalement et nous n’avons pas pu l’expulser en le mettant dans un avion vers Londres. Bilan ? Il faut reconfiner.

« Face à ce double phénomène, nous avons décidé le 18 mars de prendre, pour près de vingt départements, des restrictions complémentaires au couvre-feu national qui était déjà en vigueur. Deux semaines après la mise en place de ces mesures, les chiffres sont clairs. Oui, cette stratégie a eu de premiers effets. Mais très clairement ces efforts restent trop limités au moment où l’épidémie accélère. En quelque sorte, nous sommes en train de subir cette accélération à cause du variant qui risque de nous faire perdre le contrôle si nous ne bougeons pas. Nous devons donc nous fixer, pour les mois à venir, un nouveau cadre. 

Pour cela il ne faut absolument pas céder à la panique ; nous avons conservé la maîtrise de la situation à l’hôpital. Cette situation est dure, beaucoup de services sont surchargés. Mais nous n’en avons pas perdu le contrôle. »

« Le nombre de lits en réanimation a déjà été porté à 7000. Et je veux ici remercier les étudiants en médecine, les retraités, le service de santé des armées, tous les volontaires de la réserve sanitaire : tous sont mobilisés, seront mobilisés de manière accrue pour porter dans les prochains jours notre capacité à un peu plus 10 000 lits, en particulier aussi avec l’ouverture de nouvelles capacités d’accueil dans certains hôpitaux parisiens. »

« Nous pouvons nous féliciter, dans notre pays, d’avoir réouvert parmi les premiers nos écoles au printemps dernier, le 11 mai rappelez-vous, et de les avoir maintenues ouvertes depuis septembre 2020.

Nous faisons partie des rares pays qui ont fait ce choix alors même que nous avons été très frappés par l’épidémie. Nous l’avons fait en conscience parce que nous croyons dans cet investissement, pour les jeunes enfants et les adolescents, qu’est l’éducation. Parce que c’est le combat du siècle qui s’ouvre, car nos enfants ont besoin d’apprendre, d’être ensemble et nul ne sait dire les conséquences profondes et durables d’une fermeture prolongée des écoles, qui renforce les inégalités sociales comme les inégalités de destin. Alors oui, le virus circule dans les établissements scolaires. Mais pas plus qu’ailleurs. Et l’éducation de nos enfants, elle, n’est pas négociable. L’école n’est pas négociable. »

« Vous savez aussi que nous avons tout fait pour prendre ses décisions le plus tard possible et au moment où elles devenaient strictement nécessaires. C’est maintenant. Mais, je tiens en même temps à vous dire ce soir que, grâce à la vaccination, la sortie de crise se dessine enfin. »

« D’abord continuer à avoir de plus en plus de doses en accélérant nos achats et surtout en produisant en France et en Europe. Nous sommes pleinement mobilisés. Il y a eu des retards, il y a eu des choses que nous avons corrigé et je pourrais y revenir. Dans les semaines à venir nous allons encore accélérer le nombre de doses que nous obtenons et nous allons progressivement devenir, le premier continent au monde en termes de production de vaccins. C’est construire notre indépendance, c’est garantir que s’il faut des doses supplémentaires, nous ne dépendrons plus des autres. C’est garantir aussi la production de nouveaux vaccins, s’il y avait à nouveau à l’automne, hiver ou l’année prochaine, des nouvelles vaccinations à prévoir. »

« A partir du 16 avril, les premiers rendez-vous seront accordés aux personnes qui ont entre 60 et 70 ans. A partir du 15 mai, les premiers rendez-vous seront ouverts pour nos concitoyens qui ont entre 50 et 60 ans. Et à partir de la mi-juin, les rendez-vous seront ouverts à l’ensemble des Françaises et Français de moins de 50 ans. Une stratégie de vaccination spécifique sera par ailleurs prévue pour toutes les professions les plus exposées, en particulier nos enseignants, que j’évoquais tout à l’heure, mais aussi nos forces de l’ordre et plusieurs autres. Nous tiendrons l’objectif que je nous ai fixé, à savoir que d’ici la fin de l’été, tous les Français de plus de 18 ans qui le souhaitent pourront être vaccinés. »

Les efforts d’avril d’une part, et le déploiement de la vaccination d’autre part, c’est cette tenaille qui va nous permettre de contenir progressivement ce nouveau virus. Cette tenaille qui va nous permettre, à partir de la mi-mai, de commencer à rouvrir progressivement le pays. A retrouver cette culture qui nous a tant manqué. A retrouver les lieux de rencontres, les commerces. A retrouver cet art de vivre à la française que sont les restaurants, les cafés, que nous aimons tant. Je reviendrai vers vous prochainement pour préciser un agenda de réouverture, et pour que chacun puisse aussi se projeter avec plus de visibilité dans les mois qui viennent. Dès la mi-mai, nous recommencerons à ouvrir avec des règles strictes certains lieux de culture, nous autoriserons sous conditions l’ouverture des terrasses. Et nous allons bâtir entre la mi-mai et le début de l’été un calendrier de réouverture progressive pour la culture, de sport, le loisir, l’événementiel, nos cafés et restaurants. Car c’est la clé pour renouer avec la vie. La clé pour rouvrir notre pays ».